Avec un art du récit emprunté au cinéma, ce spectacle sculptant le visible et l’invisible redonne toute sa majesté au théâtre d’ombres. De l’infiniment petit au grandiose !

C’est l’aube. Le cirque Natchav arrive en ville. Le chapiteau est en train de se monter quand brusquement, au nom de la sécurité, les autorités somment le cirque de partir. À la suite d’une échauffourée, l’un des acrobates est arrêté et incarcéré pour outrage et rébellion. Comment le faire évader ? En confrontant deux univers radicalement opposés, celui de l’enfermement et celui du cirque, Natchav (s’en aller, s’enfuir en romani) se veut une ode à la liberté. Sans paroles, quatre manipulateurs et deux musiciens bruiteurs fabriquent devant nous cette histoire en direct, à la manière d’un film, avec un sens virtuose de la narration, du découpage, des lumières. Ici, on assiste en même temps au récit et à son making-of, et c’est impressionnant. De l’écran aux manipulateurs, en passant par les instrumentistes notre regard vagabonde, amplifiant notre plaisir de spectateur. Avec ce spectacle façonné comme une robe de haute couture, qui a nécessité pas moins de trois ans de travail, la compagnie Les Ombres portées nous offre un récit haletant d’une folle beauté, un hymne à la liberté de circuler et de créer. -- Cie Les Ombres portées